Faciliter l’accès à l’eau des brebis laitières
Les brebis laitières consacrent peu de temps à s’abreuver. Pour faciliter la buvée, le nombre, la taille et le débit des abreuvoirs doivent être maîtrisés.
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« Si l’abreuvoir n’est pas disponible quand la brebis a soif, elle passera son tour. » Vétérinaire à la Fédération des organismes de défense sanitaire de l’Aveyron, Céline Pouget décortique l’importance de l’accessibilité de l’eau en élevage ovin laitier. Elle invite à ne pas faire d’anthropomorphisme pour comprendre la façon de s’abreuver des brebis.
« Les ruminants ne compensent pas les insuffisances de buvée en s’abreuvant ultérieurement. » Autrement dit, en cas d’embouteillage, une brebis ne reviendra pas quand l’abreuvoir est libre. Animal prédaté, son réflexe est de consacrer peu de temps à cette activité. En conséquence, la brebis pompe dans ses réserves et notamment dans les réserves ruminales pour compenser la déshydratation. Et cela peut influencer à la baisse la production laitière.
Les besoins en eau de la brebis apparaissent à des moments clés de la journée : lors d’une prise alimentaire ou en sortie de traite. Ce n’est donc pas une question de disponibilité en continu mais à des moments précis de la journée. L’idée ? « Avoir de l’eau en quantité et en accès suffisants pour que toutes les brebis puissent s’abreuver en un temps réduit », résume Céline Pouget.
Éviter la pipette
La vétérinaire partage ainsi plusieurs recommandations. « En bâtiment, veillez à avoir un abreuvoir tous les 10 mètres et comptez en un pour 10 à 15 brebis. Évitez les coins et l’arrière des piliers qui rendent l’eau inaccessible. Pour la hauteur, il faut compter 60 cm pour les brebis et 40 cm pour les agneaux. » Pour le type de contenant, Céline Pouget conseille de préférer les abreuvoirs à niveau constant aux abreuvoirs à pipette.
Des expérimentations menées par Soline Malossane dans sa thèse vétérinaire sur l’abreuvement des brebis laitières effectuée en 2022 en Aveyron (1) vont dans ce sens. Sur 35 élevages laitiers audités dans le département, « 49 % présentent des niveaux d’hydratation des brebis insuffisants. Cet état est corrélé à la présence d’abreuvoirs à pipettes », expose Soline Malossane.
Les brebis ont des urines significativement plus concentrées avec ce type d’abreuvoir. Le problème ? « Seulement 16 % des exploitations auditées atteignaient ou dépassaient le débit recommandé de six litres par minute. » Les abreuvoirs à niveau constant sont donc à privilégier, « quitte à en acheter d’abord un seul pour tester », appuie Céline Pouget. En outre, « les grands contenants sont intéressants car plus il y a d’eau à disposition, plus elle est consommée ».
Pour valider son système d’abreuvement, vérifier l’état d’hydratation des brebis en mesurant la concentration des urines peut-être utile. « In fine, ce sont les brebis qui valident le système. Poser un compteur à eau peut également permettre de contrôler que tout va bien. » L’investissement est minime, de l’ordre de cinquante euros. « L’expérimentation menée montre que l’accessibilité à l’eau est souvent déficitaire dans nos exploitations », alerte Soline Malossane dans sa thèse.
(1) Soline Malossane. Abreuvement des brebis laitières : état des lieux et impact des systèmes d’abreuvement en cheptel ovin lait en Aveyron. Médecine vétérinaire et santé animale. 2022.
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